L'ÉCHO DE LA DENT DE REZ
Préambule : l’ambroisie à feuilles d'armoise est une plante sauvage dont le pollen est nuisible à la santé, près de 20% de la population de Rhône Alpes est allergique à son pollen (chacun de nous a dans son entourage quelqu’un qui en souffre). Depuis quelques années, la région Rhône alpes est une des plus touchée par sa prolifération. L’ARS (agence régionale de santé) l’a surnommée « l’herbe des chantiers de construction» sans nous en donner l’explication.
La fable qui suit, est un conte destiné aux enfants (qui sont des adultes en devenir assoiffés de savoir), un conte qui essaye de lever un coin du voile qui dissimule les raisons de cette prolifération.
Laissons cette « mauvaise graine » grande bavarde, raconter les détails de son aventure.
Je suis née au bord du Rhône, dans un autre département, près de grandes cheminées industrielles qui nous éclairaient jour et nuit en dégageant une odeur pestilentielle. Heureusement le mistral de temps en temps nous faisait respirer l’air des montagnes. En ce lieu oublié des hommes, nous étions des centaines, que dis je nous étions des milliers, attendant une occasion favorable pour nous en échapper.
Un jour le mistral s’est déchaîné et il nous a expédié dans la rivière au bord de laquelle nous vivions, et où nous avons failli nous noyer. Mes frères, mes sœurs, mes amis, mes voisins et moi même avons dérivé pendant des jours et des jours sur le rhône. Puis une nuit nous avons fini par nous échouer sur une plage sablonneuse, notre séjour sur ce havre bienvenu fut de courte durée, un matin, nous avons vu s’approcher un énorme engin jaune qui s’est emparé de nous et du sable sur lequel nous reposions. On nous a mis au sec un peu plus loin, puis on a déposé sur nous des tonnes et des tonnes de sable. Nous avons bien cru mourir écrasés, étouffés, puis quelque temps après le sol a tremblé, c’était cet engin jaune qui venait à nouveau nous cueillir, nous nous sommes cette fois retrouvés au grand air, au bon air sur le dessus d’une benne de camion. Puis le camion a démarré, chouette, nous partions en promenade. Au début ce fut une promenade tranquille puis nous passâmes devant un panneau « bienvenue en Ardèche » et subitement la route devint plus tortueuse et cahoteuse. (NDLR : on ne comprend pas bien l’utilité de ces panneaux, à la façon dont la route vous secoue après les avoir dépassés, c’est superflu de nous le dire, on sait bien qu’on entre en Ardèche). Au fil des kilomètres et des ornières j’ai vu s’envoler successivement tous mes frères et sœurs, je n’ai plus de nouvelles d’eux, mais j’espère qu’ils ont pu faire souche là où ils se sont posés… puis j’ai changé de monture pour une plus petite, qui m’a déposée dans un endroit perdu, sur un chantier de construction, ici, on m’a laissé tranquille, tous ces hommes qui s’affairaient n’en voulaient qu’au tas de sable au pied duquel j’avais dégringolé. J’ai même versé une larme en voyant tous ces grains de sable qui, partis des bords du Rhône, ont fini leur périple mélangés à du ciment pour être pétrifiés, alors que moi j’allais enfin pouvoir m’épanouir. Dans cet endroit agréable, j’ai enfin pu prendre racine et faire plein de petits, et mes enfants aussi à leur tour. Toute mon abondante progéniture n’est pas restée autour de moi, certains ont profité d’occasions( coups de vent, pluies torrentielles ) pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Certes il y a eu des épisodes difficiles, bien des fois on nous a coupé l’herbe sous les pieds, ou amputé d’une paire de branches mais nous avons survécu et nous sommes toujours là.
C’est un destin curieux qui est le mien, naître dans un coin pollué, échapper à la noyade, à l’étouffement, à l’ensevelissement dans du béton……. Pour finir dans un coin paradisiaque entouré de ma très nombreuse descendance, que pouvais je espérer de mieux ?
Je m’interroge encore aujourd’hui sur l’IDENTITE DE CE GENIE à qui je dois ce fabuleux destin.
Petite graine devenue mamie, ce n’est pas à un génie que tu dois ce destin fabuleux, c’est à
A cet aveuglement qui leur a fait renier les habitudes des générations qui les ont précédées, ces générations ont été les précurseurs du CONSOMMER LOCAL : ils n’allaient pas chercher très très loin des matériaux qu’ils pouvaient prendre sur place.
A cet aveuglement qui les empêche de voir le danger que représentent ces montagnes de matériaux qui s’accumulent dans toutes nos rivières
A cet aveuglement qui leur fait oublier les conséquences sur la santé de leur décision d’interdire de récolter le sable des rivières locales exemptes d’ambroisie.( et d’aller en chercher sur le Rhône contaminé)
Protéger la nature est une intention louable, mais encore faut il savoir tempérer ses ardeurs et ses décisions lorsque les inconvénients dépassent très largement les avantages. ( ) ce qui est le cas de la gestion actuelle de nos rivières.. Ne pas le faire c’est mettre le doigt dans un engrenage, ou dans un fouloir qui risque de nous broyer. ()
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NB/expérience personnelle:
Il y a queques année j'ai fait la triste expérience de ce que peut donner la prolifération d'une plante étrangère . J'avais fait mettre dans un talus de la terre décapée sur les bords de l'Ardèche ; il s'est avéré que cette terre contenait de l'armoise. Au printemps j'ai vu apparaitre un bon paquet de plants d'armoise. ma première réaction a été de me dire: chouette , tu lis partout qu'il faut enherber les talus pour fixer la terre , et ici dieu y a pourvu. Il a même fait mieux qu'y pourvoir puisque l'année suivante le tas avait progressé vers le nord et le sud (le talus est orienté nord sud et sujet aux vents) et jusqu'au ruisseau voisin, cela m'a vallu une remarque désobligente du voisin en aval: " tu sais l'armoise je ne la fume pas" (souvenir de guerre où elle était un succedané de tabac); en clair je n'avais pas maitrisé la prolifération de cette plante.
NB Vous trouverez aujourd'hui de l'ambroisie dans l'ibie . c'est le cas cas notamment dans les endroits où l'on a apporté des matériaux pour faire des travaux ( ex berges du vieux pont de montingrand), il ne faut pas oublier aussi que la graine d'ambroisie a une exellente flotabilité et donc a tendance à se propager par voie d'eau.
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