L'ÉCHO DE LA DENT DE REZ
Les préhistoriens nous ont habitués à découper l'histoire en "âges" : âge de la pierre taillée, de la pierre polie, du bronze, du fer, et après? Pourquoi pas celui de l'eau courante et de l'électricité? C'est à dire de quelque chose qui marque une époque, et qui est devenu indispensable,( et dont on ne prend conscience de l’importance que lorsqu'elle vient à manquer). .
Beaucoup de gens idéalisent "la bonne façon" de produire l'électricité, ils se font un film sur la façon dont elle devrait être produite, et ce film est surréaliste! Ils voudraient une énergie « propre » qui soit bon marché, disponible en permanence et en quantité. Une énergie dont les sites de production ne seraient pas dangereux ni polluants, et ne produiraient pas de déchets, pas de nuisances visuelles ni sonores, et qui nécessiteraient peu d'investissements; autant dire que ces unités de productions d'énergie n'existent pas encore aujourd'hui. Si aujourd'hui, on devait faire un choix pour l'avenir, pourrait on le faire en toute quiétude en étant sûr de ne pas se tromper, certainement pas. Il y a aujourd’hui un véritable engouement pour les énergies renouvelables, mais, serait il raisonnable de se séparer des unités de production actuelles, tant que leurs remplaçantes ne sont pas prêtes à prendre le relai, ni avant de connaître la pérennité de leurs rendements ?
-La véritable Énergie renouvelable est celle qui est inépuisable, elle a trois origines possibles. C'est l'énergie produite par la LUMIERE du soleil ( photovoltaïque), par la CHALEUR naturelle du sol ( géothermie ) et du soleil, par le DEPLACEMENT des FLUIDES naturels ( éolienne, hydraulique, marémotrice,)
-On considère aussi comme énergie renouvelable , l'énergie dont la consommation ne diminue pas les réserves C'est le cas du bois ( et de la biomasse) dans la mesure ou on ne consomme dans une année que le bois ( ou les déchets) qui sont produits dans l’année. Pour faire une comparaison c'est ne consommer que les intérêts d'un livret d'épargne, sans jamais toucher au capital. C'est ce qu'une loi impose aujourd'hui aux propriétaires de forêts de plus de 25ha, dans le cadre du développement durable.
- On peut dire quand même qu'il y a un vrai consensus favorable aux énergies vraiment renouvelables mais avec des restrictions de taille:
- pour l'EOLIEN, le citoyen standard en veut bien, mais plutôt loin de chez lui, quand aux décisionnaires du développement éolien on peut s’interroger de savoir si leurs décisions ne sont pas inspirées de la lecture de Don Quichotte luttant contre les moulins à vent ; mais on peut comprendre leurs réticences quand on fait un simple calcul : une éolienne comme celles du Coiron produit 2 mégawatts, si bien que pour remplacer la centrale ardéchoise de Cruas (qui produit 3600 mégawatts ) il faudrait la bagatelle de 1800 éoliennes soit cinq par commune, et comme les éoliennes ne produisent que lorsqu’il y a du vent il faudrait trouver une autre source d’approvisionnement . Si on devait les mettre toutes sur les zones prévues pour l'éolien (zde) elles seraient côte à côte et se contrecareraient. On peut comprendre le « vent de colère » qui anime certains opposants à l’éolien. L'éolien ne peutêtre qu'une des nouvelles sources partielles d'énergie.
- pour le PHOTOVOLTAÏQUE, si à une époque la pose de panneaux photovoltaïques était encouragée et en vogue, aujourd’hui c’est la morosité en raison des déboires qu’ont connu certains avec les installateurs, et aussi parce qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir le raccordement au réseau EDF, et enfin parce que les autorités n'en veulent pas dans certains endroits (sur les terres agricoles à l’abandon, ni dans les forêts). Si on fait le même calcul que précédemment, un panneau de 100watts fait 1m², ll faudrait 36 millions de m² ( ou 3600 hectares de panneaux pour remplacer la centrale deCruas, c'est-à-dire beaucoup de surface par commune; les panneaux ne produisent que quand il y a du soleil, il faudrait donc trouver une autre source d’approvisionnement par temps couvert et pendant la nuit, ou bien trouver comment stocker le courant. Cela fait plusieurs décennies que l’on sait que l’énergie va manquer, et que nos dirigeants n’ont toujours pas fait le choix de la stratégie à adopter, parce que cela a un coût non négligeable et que nous sommes en crise. Tant et si bien que nous sommes persuadés qu’un jour prochain, une partie des investissements sera transférée aux particuliers, en demandant que les habitations individuelles soient, en partie, autonomes en électricité avec un des deux systèmes précédents.
-pour l 'HYDRAULIQUE, il y a aussi de fortes oppositions de la part des environnementalistes, des pratiquants des loisirs nautiques et parfois des pêcheurs. Aujourd'hui, si l'Ardèche est connue pour son tourisme, dans le passé récent elle l’était pour sa production agricole. La mémoire collective a oublié qu'elle fut le 10° département industriel français, cela grâce à une énergie qui en Ardèche fait partie de notre histoire: l'énergie hydraulique. Au XIX° siècle il y avait sur les rivières et ruisseaux ardéchois environ 400 ateliers et usines textiles qui utilisaient l'énergie de l'eau, grâce à des dérivations des ruisseaux ou à des barrages. Cette activité qui à l'époque nous plaçait dans le top 10 industriel, donnait du travail aux familles rurales, un vrai travail pour certains et un complément de salaire pour les petits cultivateurs. Je ne sais pas si vous mesurez la dégringolade qui est la nôtre aujourd'hui, nous sommes non seulement à l'autre bout du classement, mais en plus avec un déficit d’emplois locaux, et une fuite de nos jeunes vers des départements mieux dotés.
En hydraulique, un petit nombre d'usines seulement sont encore exploitées pour produire de l'électricité, et la transférer sur le réseau EDF. Il y a aussi de nombreuses petites usines qui l'utilisent pour leurs propres besoins et il y a toujours un fort potentiel d'usines avec leurs infrastructures qui sont en sommeil mais avec des possibilités. Pour ces deux dernières catégories, c'est un vrai parcours du combattant pour obtenir l'autorisation de produire pour EDF, en raison de la quantité d’exigences administratives (obligation de recourir à des professionnels agréés, études d’impact…) devenues exorbitantes depuis le grenelle 2 de l’environnement, et qui en grèvent la rentabilité. Ces contraintes officielles sur l'hydraulique sont impensables dans un pays qui a de la ressource, et qui est actuellement sous exploitée. On leur oppose le fait que les barrages aient un impact paysager, soient des obstacles aux migrations et à la reproduction des poissons, (malgré les passes à poissons obligatoires). Il est de notoriété publique que les rivières dans le passé, malgré les barrages, étaient bien plus poissonneuses que de nos jours ; le vrai problème du manque de reproduction vient de ce que l'on déverse via les égouts et les pollutions diverses…
En France nous souffrons de l'incompréhension de ceux qui ne reconnaissent aucune qualité, ni aucune valeur aux réalisations du passé, et qui en détruisent l’image ou les vestiges.. . Sur notre communauté de communes elle-même, l’ONEMA (office national de l’eau et des milieux aquatiques) « s’interroge sur le bien fondé du maintien du barrage des brasseries à Ruoms ». Pourquoi cela ? Légalement il y a deux catégories de barrages. Les « barrages fondés en titre » datant d’avant la révolution, dont l’autorisation d’exploitation est permanente. Et puis, il y a les barrages dont l’exploitation est autorisée pour une période donnée (cas de celui de Ruoms, dont l’autorisation arrive à terme). C’est, pour ces derniers, l’ONEMA qui se charge d’étudier les conditions que devra satisfaire le barrage pour le renouvellement de l’autorisation d’exploitation ( par exemple des études d’impact ou des travaux dont les coûts rendent parfois l’exploitation rédhibitoire) . Les pêcheurs eux ont tranché, ils sont favorables à la conservation du barrage.
Rénover ces usines permettrait à l’Ardèche d'obtenir une AUTOSUFFISANCE ENERGETIQUE SECURISEE (il est rare que tous les producteurs soient en panne) et cela éviterait la multiplications de ces gigantesques lignes haute tension.( qui sont autant d’obstacles visuels et un danger pour les oiseaux .). La sagesse populaire nous a gratifiés d’un dicton : « il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier » si nous voulons conserver une stabilité de l’approvisionnement en énergie, il serait prudent de conserver opérationnels les différents outils de production dans le cas où un ou des approvisionnement deviendraient défaillants. .
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