L'ÉCHO DE LA DENT DE REZ

Quel rapport entre sangliers et charniers, nous direz vous? L'empoisonnement des sangliers a laissé une question en suspens, est ce une manoeuvre malveillante, accidentelle ou due à de mauvaises habitudes? Notre propos aujourd'hui , est de mettre en relief certaines mauvaises habitudes.

Avant propos......Les PRATIQUES que nous allons décrire concernent la zone NATURA 2000 des GORGES de l'ARDECHE, et ne présument en rien, des pratiques ayant cours sur les secteur où les sangliers ont été contaminés.

Chez nous par sage précaution, les éleveurs avaient l'habitude d'enterrer les cadavres de leurs bêtes ou de les neutraliser à la chaux , et cela jusqu'à ce qu'on le leur interdise , prétextant  que cette méthode était insalubre et dangereuse, et qu'on  leur impose de recourir à l'équarrissage ( loi 75-1336 du 31/12/1975). De même, les familles protestantes du massif se sont vues interdire d'utiliser les cimetières familiaux situés sur leurs terres, pour les mêmes raisons: insalubrité et dangerosité. Ce fut le début d'une courte période où les hommes et les bêtes ont commencé à être traités à égalité, à chacun son fossoyeur mais hors des territoires où ils avaient vécu. En un mot, cela marquait la fin d'une période, celle de la prédominance de l'homme sur la nature.

Et puis en 1990 un arrêté préfectoral a autorisé chez nous, la création d'un charnier ( appelé placette structure en jargon technique*) pour nourrir les vautours. Déposer des cadavres dans la nature, les exposer à tous les vents, les rendre accessibles à tous les animaux nécrophages*, déposer des cadavres à même le sol, sans glacis, ni bac de récupération des jus lorsqu'ils sont lessivés par la pluie, (donc tout ce qui s'écoule de ces cadavres ruissèle et peut contaminer.... tout cela n'était subitement plus INSALUBRE ni DANGEREUX! Pour agrémenter le tableau, actuellement les  charniers ne  sont pas  protégés par du grillage capable de résister aux sangliers ( les trous des grillages de la placette cora ONF ont été colmatés en 2009*) et sont alimentés par des véhicules non réfrigérés...   Voilà pour ce qui est de "l'alimentation faite n'importe comment!"

Pour ce qui est du "avec n'importe quoi": à plusieurs reprises nous avons manifesté notre désapprobation sur les déchets déposés au niveau de ces charniers. Pour mémoire: des abats de bœuf à l'époque de la vache folle ( règlementé par la suite: obligation d'être analysés et garantis sans prion, avant utilisation*) et chez nous depuis 2010, jusqu'à récemment: des abats en provenance d'élevages intensifs de lapins**, où ces animaux sont confinés en grand nombre dans un lieu clos**, et,  où pour éviter la propagation des bactéries et autres parasites, et éviter la flambée des maladies*** on est obligé de les traiter abondamment et fréquemment***. Que se passe t il lorsque l'on dépose ces abats sur le terrain, les vautours adultes se nourrissent de ces abats, mais aussi en donnent à leur progéniture qui à force d'en ingérer en meurt. Tout cela dans l'indifférence de ceux qui conseillent ce nourrissage, qui ne veulent pas remettre en cause leurs choix et cherchent d'autres hypothétiques causes à ces décès.

Pour ce qui est du n'importe où: une décision européenne du 24/04/2009 autorise les éleveurs à laisser des carcasses d'animaux morts, dans la nature. Nous ne savons pas si cette décision a été transcrite dans la législation française, mais toujours est il que les éleveurs sont sollicités pour cela. On  leur fait  miroiter que  le fait de faire une bonne action pour la nature est associé à une économie de frais d'équarrissage. Les charniers ou ils déposent leurs animaux morts* ou les déchets de découpe* sont appelés: placettes éleveurs*.
Imaginez le ( mauvais) rôle que l'on fait jouer aux éleveurs qui ont la fibre écolo ou qui sont tout simplement proches de la nature, et qui acceptent de participer à ce genre d'opération. Lorsqu'on les invite à se débarrasser dans la nature de leurs animaux morts de maladie, c'est ouvrir la voie à la prolifération de cette maladie, par le biais des animaux carnivores qui viennent s'en nourrir...

Cette affaire des sangliers décédés est un avertissement de la nature. Lorsqu'il s'agit d'une infection bactérienne dont on dispose d'antidotes ce n'est qu'un moindre mal. Si un jour il advient qu'il s'agisse d'un virus mutant, nous ne serons plus du tout dans la même configuration...

Dans cette affaire des sangliers contaminés, la nature nous a  adressé une mise en garde, certains diront qu'elle nous a donné une leçon à suspense, du côté des autorités officielles va t on en tirer la leçon? Va t on laisser la faune naturelle, reprendre une alimentation naturelle, lui la laisser chercher et non pas lui servir une nourriture pour elle frelatée,,et faire disparaître ces charniers qui ont une offense à la salubrité de tous.

Bibliographie et sources:
*plan national d'action en faveur du vautour percnoptère, bilan Rhône Alpes 2009...
**Compte rendu de l'association foncière pastorale du 15/04/2011 où le nourrissage avec des déchets d'animaux élevés en batterie a été évoqué et contesté.
*** émission de France 5 de dimanche 24/11/2013 sur l'élevage .