L'ÉCHO DE LA DENT DE REZ

En France on n'est pas bon (compétitif) pour produire des biens consommables ( on va pas en faire la liste, la nausée ne tarderait pas à vous gagner), si bien que des départements à tradition minière,industrielle, portuaire, d'élevage sont aujourd'hui à la dérive. C'est par exemple le nord, la Lorraine, et pour l'agriculture, tous les départements au relief tourmenté qui ont vu fuir leurs bras, comme l'Ardèche et l'Ariège (ces deux là ont donné à l'administration ses plus gros bataillons de fonctionnaires)... Le tourisme en France devient notre produit de substitution, les touristes, on est bon pour les faire promener ( route des vins , des villages de caractère...), leur montrer ce que la généreuse nature nous a confié , les amuser dans de beaux sites, pas très sérieux tout ça! ( ne vous fâchez pas, c'est pour dire intellectuel), et cette réputation nous colle à la peau.... Mais comme nous sommes des gens géniaux (NB il faut toujours que le Français se la pète) on a inventé le joker culturel, inventé c'est un peu exagéré, on dira plutôt copié ( ou amélioré pour passer la pommade) ce que fait la fondation Guggenheim dans ses musées ( dont celui de Bilbao , dans une ex-région sidérurgique et armurière espagnole) des expo fixes et tournantes, pour rameuter du monde.... Alors vive le tourisme culturel!

Face au désastre, il y a eu des tentatives de reconquête pour l' industrie, mais pas vraiment pour l'agriculture, et un saupoudrage de "culturel" pour essayer de drainer une clientèle nouvelle vers ces régions.

Pour les friches du nord, c'est l'opération Louvres-Lens dont nous a causé le chargé de mission lors du colloque de début décembre sur le thème: comment tirer parti du phénomène grotte Chauvet: (lien http://dentderez.joueb.com/news/conference-sur-les-retombees-economiques-de-la-grotte-chauvet-le-compte-rendu-des-riverains-de-l-espace-de-restitution ). Là ce sont des expos semi permanentes et des expos tournantes, nous n'avons pas eu communication du bilan, on se demande bien pourquoi?

Pour les friches minières de Lorraine c'est l'opération musée Pompidou-Metz. Là aussi une annexe du musée Pompidou avec uniquement des collections qui tournent.( cette absence d'expos permanente lui coûte) Et pour en augmenter l'attrait, une architecture innovante et audacieuse ( même logique qu'à Bilbao). Coût de construction:83million d€. Malgré un bon début de carrière, la fréquentation a baissé il est de l'ordre de 1400visteurs /jour, son FONCTIONNEMENT est financé par les collectivités à hauteur de 9 millions d'€par an, et ça ne suffit pas.
NB:le budget de fonctionnement des musées de province est le gros problème qui met en cause leur survie, ça fonctionne tant qu'il y a des financements . Nous avons eu l'exemple à une micro échelle avec le musée de Lagorce qui est temporairement en panne de financement. Pour l'ERGC il est évident que s'il doit être déficitaire, le département n'ira pas jusqu'à filer 9M€ de subventions à Kléber-Rossillon pour équilibrer les comptes. Cette menace de déficit de fonctionnement est d'ailleurs l'un des arguments évoqué par le syndicat mixte grotte Chauvet pour justifier le refus de respecter le contrat qui le lie aux découvreurs: il préfèrerait s'acquiter dune somme globale plutôt que verser un % sur les entrées qui alourdirait ( si peu: 0,3€/entrée) les charges de fonctionnement.

Pour le grand port de Marseille en déconfiture, c'est aussi le MUSSEM belle architecture à 160millons d€. Et un excellent début de carrière.

Et puis il y a l'Ardèche, avec cette implantation de l'espace de restitution sur notre massif à peu de distance de la grotte Chauvet originale. Ce massif est aussi une friche, doublement pénalisé, il a d'abord connu la déprise agricole, avec la perte des élevages ovins et caprins et celle de l'exploitation du bois de chauffe ( en raison des changements d'habitudes alimentaires et de chauffage), et comme un malheur n'arrive jamais seul, ici, d'injuste servitudes environnementales sont venues pénaliser les activités (nous en sommes à 64 contraintes depuis septembre dernier) qui remettent en cause notre présence laborieuse et continue sur le terrain, avec pour conséquence un presque "no man land" des portes de St Remèze à celles de Vallon.
Aujourd'hui , la basse Ardèche a deux cartes dans son jeu: celle du tourisme nature et celle du tourisme de loisir, avec l'ergc, elle va y ajouter celle du tourisme culturel , ce surplus de fréquentation n'est estimé qu'à 5% ( nous imaginions plus que cela) ,il faudra donc susciter l'envie de découvrir la grotte chez nos clients traditionnels, ( eux ont déjà fait le chemin pour venir chez nous) avant d'aller démarcher ceux qui sont à perpette.
L'ERGC sera un bel outil de travail, un outil de qualité à ce que nous avons pu voir, une belle architecture peu perceptible car volontairement intégrée au paysage, une expo permanente: la réplique, une expo temporaire renouvelée , la proximité d'une grande voie de migration ( ne confondez pas, je parle des autoroutes) en un mot tout pour réussir...Encore faudra t il faire un effort pour bien recevoir et avoir un tout petit peu d'humour, c'en était!
NB on aimerait que les musées parisiens fassent comme celui des arts premiers du quai Branly , c'est à dire partagent leurs réserves pléthoriques d'oeuvres avec les petits musées de province , Paris est la première destination touristique de France !ça leur suffit c'est une bonne raison pour partager!
NB une des plus grande fortune du luxe français est en train de faire construire sur la région parisienne un grand musée à l'architecture novatrice (par F Ghery qui a dessiné aussi le musée de Bilbao) pour y exposer ses collections. Quand je parle d'exposer des tableaux appartenant à une grande fortune , je ne parle pas de ceux des familles Fabius et Sinclair , ceux là dorment à l'abri des regards.
. .